Médical
Quels problèmes le coureur peut-il rencontrer ?
Chaque jambe du marathonien qui s’entraîne 15 km par jour supporte une charge supérieure à 5000 tonnes par semaine, rien qu’à l’entrainement. Les statistiques les plus récentes distribuent approximativement les syndromes pour: 42% aux genoux 28% aux mollets 17% aux pieds 5 % aux hanches 4% aux lombaires 4% aux cuisses On constate cependant que le pourcentage le plus fort concerne l’articulation la plus fragile : le genou. Situé au centre du levier, assemblage fragilisé par son rôle intense et sa position, construction mobile dans trop de directions le genou doit faire face aux contraintes du martellement, subir en premier lieu les effets de la course à pied.
Deux coureurs sur trois se blessent un jour ou l’autre. De multiples raisons expliquent ce fait. Si l’on constate l’importance des forces mises en jeu lors du pas de course, il n’est pas étonnant que les blessures apparaissent. il faut savoir que le pied percute le sol entre 500 et 1200 fois sur un kilomètre, selon le sujet, avec une force qui engendre une pression comprise entre trois fois et huit fois le poids du corps, selon le relief, et que les membres sont soumis à des milliers de tonnes de force tout au long des entrainements et des compétitions. C’est pourquoi la moindre anomalie de l’organe locomoteur, (que le sujet aurait peut-être ignoré toute sa vie ou presque) se révèle très rapidement et immanquablement, à l’occasion de la course. Bien d’autres situations engendrent la blessure. Nous citerons l’accumulation des compétitions, l’usage de chaussures inadaptées, un excédent de poids ou un état de déshydratation, etc… la liste serait trop longue. Si le coureur n’aborde pas la course avec une modération « académique », s’il ne suit pas une progression sûre et régulière, s’il s’entraîne au hasard et ne respecte pas les règles fondamentales de son nouvel art de vivre, il est voué à l’échec et à la douleur.
Le pas de course est-il en cause ?
Mouvement répétitif, le pas de course implique tout le corps. Et le coureur, en phase de vitesse, va imprimer le mouvement à son corps, de la même façon que le moteur d’une voiture qui tourne à plusieurs milliers de tours par minute. On peut grossièrement décomposer le cycle de la foulée en plusieurs phases : la suspension, l’impact, le déroulement, la poussée. Tous ces mouvements entrainent des déplacements ostéose-tendineux plus ou moins agressifs. Pour être simple et ne parler que des jambes du coureur, nous pouvons dire par exemple que le pas de course se décompose comme ceci: Après réception de la partie arrière et extérieure du talon au sol (mouvement de supination), le pied bas-cule à l’avant et en dedans (mouvement de pronation) pour ensuite quitter le sol de la pointe des orteils, le gros orteil en particulier. A l’impact, le tibia se trouve en position de rotation externe, et la mise en pronation du pied au sol entraine à son tour une rotation interne du tibia.
Il existe de nombreuses variations morphologiques d’un individu à l’autre, que seul l’œil de l’observateur qualifié peut déceler pour mettre en évidence les imperfections : – Une différence de longueur de jambes sera facilement compensée par le port de talonnettes. – Un degré de souplesse insuffisant des articulations devra faire l’objet d’assouplissements appropriés. – Un manque d’extensibilité musculaire devra faire l’objet d’un programme de stretching complet. – Une étude des empreintes plantaires permettra de corriger la façon de courir (en dedans = pronation, en dehors = supination, ou sur l’avant-pied = équin). – Une étude de l’usure des chaussures amènera la confection d’une semelle orthopédique salvatrice.
Le style d’entrainement a-t-il un rôle dans les blessures ?
La blessure n’est pas fatale. Il suffit de respecter certaines grandes règles d’entraînement essentielles pour vous en préserver à 99 %. Tout d’abord, gardez à l’esprit l’idée de ne jamais modifier brutalement votre entraînement, de ne jamais accélérer d’un seul coup, sans suivre des phases de progression. Encore plus que la vitesse, il est important de ne pas augmenter le kilométrage sans vérifier s’il est en rapport avec votre niveau du moment. Ensuite, il ne faut jamais négliger de vous ménager des phases de récupération. Pour cela et selon votre niveau, vous conservez un, deux ou trois jours de repos physique par semaine. Évidemment, il faut penser à toujours commencer les séances par un échauffement suffisant, le démarrage à froid pouvant s’avérer fatal, surtout en l’absence d’assouplissements, de stretching ou d’étirement adaptés. Surtout, essayez d’être attentif et à l’écoute de votre corps. C’est ainsi que vous veillerez à votre style de course. C’est aussi dans ce but que vous devrez songer à créer votre parcours d’entrainement de telle façon qu’il harmonise les difficultés de relief et de revêtement. –> Les trottoirs en ciment augmentent le choc transmis à tout l’appareil locomoteur. Préférer les chemins de terre battue, ou tout au moins les routes goudronnées. –> Les parcours en pente latérale (route bombée, plage en pente) obligent le pied à se mettre en hyper pronation sur la partie de la pente la plus élevée. Choisir des terrains plats, ou courir sur la partie plane de la route. Sinon, penser à inverser régulièrement le parcours. –> La course en côte blesse les tendons d’Achille et les muscles de la partie basse du dos. Réserver cette spécialité à des préparations spéciales, et ne pas trop en accumuler. –> La course en pente abrupte propage avec trop de violence l’onde de choc vers la région lombaire. Respecter les mêmes directives que pour les côtes. –> Les chaussures doivent toujours être en bon état. Leur prix d’achat est élevé, mais le coureur doit savoir qu’elles sont la condition de sa longévité. Ce sera lui ou les chaussures, mais il faut choisir. Et puis après tout, c’est la seule dépense matérielle de la course à pied, et la santé est une richesse, donc un investissement. Enfin, on ne le répètera jamais assez, il faut penser à s’hydrater suffisamment. Le coureur doit boire beaucoup, en permanence, pour prévenir tous les accidents de type tendinites, douleurs articulaires, myalgies, etc …
Quelles sont les blessures du coureur ?
Succédant à un effort important et inhabituel, après un intervalle de plusieurs heures, la sensation d’avoir reçu des coups cède le pas à la douleur. Intéressant tout le membre inférieur, ce phénomène est dû aux micro lésions du tissu conjonctif musculaire et tendineux qui amènent un œdème douloureux. Il s’agit d’une atteinte musculaire bénigne, dont l’intensité parvient souvent à inquiéter le néophyte. Le coureur expérimenté ne sera pas étonné de ressentir ce type de douleur au lendemain d’une épreuve particulièrement pénible (course de côte, corrida rapide, marathon, etc … ). Par contre, le débutant, que cette affection touche particulièrement, devra savoir qu’elle est dûe surtout à son manque d’entrainement, ou a une augmentation soudaine de son kilométrage ou de sa vitesse, lui rappelant qu’il est urgent de prendre patience s’il ne veut pas « courir à la blessure ». D’autre part, il est intéressant, à la fin d’épreuves longues, comme le marathon par exemple, de retourner courir doucement un ou deux kilomètres après s’être changé de vêtements et de chaussures à l’arrivée, pour éviter les courbatures du lendemain.
Intéressant également tout le membre inférieur, elles concernent un ou plusieurs muscles à la fois, rendant le mouvement impliqué douloureux, et entrainant une contraction réflexe limitant ce mouvement. Il s’agit en fait d’une hyper courbature, traduite par une accumulation de toxines, créant une réaction de la masse musculaire atteinte. Les raisons de ce type d’incident, outre celles citées pour les courbatures, sont nombreuses : la déshydratation, le manque d’étirements, et surtout la fatigue, le surdosage de travail musculaire sans récupération adéquate. Il n’existe pas de traitement à proprement parler, sinon la mise au repos. Éventuellement, on peut associer, dans un unique but antalgique, des massages avec pommade décontractante, une séance d’acupuncture ou de laser.
Sujet mal exploré et très complexe, sur lequel la population médicale n’a rien de très scientifique à fournir, presque tout le monde connait ce type de contraction musculaire involontaire et incoercible. Le muscle se tétanise lors de la présence de toxines, et cette agression hyper algique dure la plupart du temps quelques secondes, voire quelques minutes. siégeant sur un faisceau musculaire précis. On peut décrire deux facteurs déclenchant principaux: le froid et la fatigue. Le seul traitement est aussi immédiat que la crampe, dont la douleur est insoutenable. Il consiste à étirer le muscle jusqu’à la disparition de la douleur, qui peut cependant récidiver et demander une nouvelle intervention.
On peut simplifier en disant qu’il s’agit de l’étirement d’un muscle au-delà de sa limite physiologique. Elle est soudaine, violente, niais ne force pas à l’arrêt de l’effort. Pas de traitement, mais un repos égal ou supérieur à quatre jours, dans les mêmes conditions que pour les contractures.
Ce sont deux termes qui indiquent deux degrés de gravité d’une seule et même atteinte musculaire. Dans les deux cas, on reconnait la blessure à son apparition brutale, telle un coup de poignard, en plein effort de vitesse, en compétition ou au cours d’une séance de fractionné, clouant le coureur au sol. Le claquage, dont la douleur est fort vive, n’intéresse que quelques fibres musculaires. Ces myofibrilles se sont rompues à un point précis, souvent peu étendu, et la douleur persiste au repos. La véritable déchirure musculaire est un claquage grave, de nombreuses fibres étant cette fois lésées. On assiste alors à l’apparition quasi-immédiate d’une ecchymose sous-cutanée, violacée, au siège de l’accident. Le coureur blessé comprendra mieux l’absolue nécessité d’une reprise très progressive de l’entrainement après la guérison complète. Le traitement sera long, nécessitant pour le moins un bon mois d’arrêt en cas de déchirure. Il convient de comprimer par un bandage s’il y a hématome, et d’immobiliser la masse musculaire atteinte par un pansement adhésif (strapping). La période de rééducation sera longue, comprenant des séances laser (réparation cellulaire plus rapide), des massages, et une mobilisation progressive. On complètera le traitement par quelques séances d’acupuncture antalgique, évitant la contracture. L’entrainement sera repris au niveau le plus bas, très progressivement, après la disparition complète de toute douleur dans les activités habituelles.
Il s’agit d’une inflammation du tendon, accompagnée d’une douleur spontanée à la mobilisation. La déshydratation est le plus souvent l’unique responsable des tendinites, mais il faut toujours rechercher la cause orthopédique. Dans la majorité des cas, le coureur à pied ne connait de la tendinite que celle qui atteint le tendon d’Achille, mais il en existe beaucoup d’autres. Le tendon transmet au segment osseux (sur lequel il est inséré) la force développée par le muscle auquel il appartient. Or, le tendon est pratiquement inextensible, et sa résistance à la traction est plus forte que la force de contraction du muscle. Tout cela explique qu’il est soumis à des contraintes si intenses que le moindre défaut de positionnement pendant le travail l’agresse, tout comme un piston qui ne glisserait pas en bonne position dans son cylindre se détériorerait immédiatement.
Elle trouve son origine dans un mauvais positionnement du pied (hyper pronation par exemple) ou dans un entrainement sur un reflief particulier (surtout le vallonné). On peut ressentir précocement une douleur haute, à la liaison musculo-tendineuse, ou bien une douleur basse, dans le talon, près de l’insertion calcancéenne, ou enfin, juste sur le corps du tendon d’Achille. Précocement traitée, la douleur peut s’envoler rapidement avec la mise au repos (en pratiquant un sport non porteur comme la natation) et quelques séances d’acupuncture (dont les résultats sont particulièrement remarquables sur cette blessure), ou des séances laser. Plus tardivement traitée, la tendinite nécessitera en plus des applications de glace, de la mésothérapie (que je recommande particulièrement dans ce cas), voire un traitement anti- inflammatoire. Il conviendra de supprimer la cause de la blessure pour éviter la récidive (chaussures, semelles, talonnettes, etc … ).
Parfois appelée « tendinite tibiale », elle est souvent nommée à tort pour désigner les douleurs profondes de la jambe. La zone douloureuse se situe au tiers inférieur du bord postéro-interne du tibia. Il faut surtout, dès l’apparition d’une telle douleur, réduire considérablement le kilométrage, choisir une surface d’entrainement bien plate, vérifier le bon état des chaussures, et stopper complètement toute course si la douleur persiste plusieurs jours.
LE SYNDROME DE LA BANDELETTE DE MAISSIAT
La bandelette de Maissiat est une épaisse bande descendant sur toute la face externe de la cuisse pour aller s’insérer sur l’extérieur du plateau tibial. La répétition permanente du cycle flexion-extension du genou pendant la course peut parvenir à créer une inflammation par frottement de la bandelette sur le condyle fémoral externe La douleur intéresse la face externe du genou, un peu au-dessus de l’articulation, sans toutefois être très localisée.
Beaucoup moins fréquente que la tendinite achiléenne, la puissance du tendon rotulien (le quadriceps est très puissant) en fait une atteinte de la même gravité, malgré sa rareté. Le tendon rotulien, issu du quadriceps, englobe la rowle avant d’aller se fixer sur le tibia. Le traitement appliqué sera le même que celui du tendon d’Achille.
INFLAMMATION DES AILERONS ROTULIENS
Il s’agit la plupart du temps d’une simple inflammation douloureuse au lendemain d’une épreuve particulièrement pénible. Elle disparait après deux ou trois jours de repos consécutifs à cet effort. Par contre, s’il y a une origine à rechercher dans une limal-position, la douleur persiste, s’accroit, et mène tout droit à la consultation. Outre la prise en charge du mauvais positionnement et l’achat de chaussures adaptées, le traitement s’arrêtera à l’application de glace. et aux techniques antalgiques de type acupuncture.
LES FRACTURES DE FATIGUE (DITES DE « STRESS »)
Elles sont dues à un surmenage mécanique d’un os sain, sans aucune notion de traumatisme. Les fractures les plus fréquentes concernent : –> la portion proximale du tibia (sous le genou) les os de l’avant-pied (2è et 3è métatarsien) –>la portion distale du péroné (à l’extérieur et au-dessus de la cheville) –> la portion distille du tibia (à l’intérieur et au-dessus de la cheville) La douleur très localisée apparait progressivement, s’accentuant pendant la course et s’atténuant au repos. La foulée déclenche une douleur assez vive, qui peut même disparaître à la marche. Dès le diagnostic, il faudra respecter un arrêt complet de tout entraînement porteur, que le coureur devra remplacer par la natation afin de ne pas perdre sa condition. La phase de repos risque d’être longue.
La douleur, localisée dans le talon, est réveillée par la palpation au niveau de l’insertion du fascia plantaire, dont l’inflammation crée cette fasciite, assez fréquente. Elle est de guérison difficile, en raison même du retard de cicatrisation dû à la marche. La qualité des chaussures trouve toute son importance dans ce type de problème, corrigeant le positionnement du pied à la foulée, et garantissant par un bon maintien la compacité du coussinet graisseux sous-calcanéen. L’essentiel sera donc pour le coureur de défatiguer son talon par la restriction de son entraînement, et la correction des déséquilibres de son pied et de sa voûte plantaire.